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Lu Pour Vous de ça et là

Les opinions ou faits rapportés ici sous cette rubrique ne relèvent pas de HCN ou Haiti Connexion Network. Ils n'ont pas été vérifiés ou supportés dans leur véracité par le staff de HCN

 

Au sujet de la conjoncture haitienne

Où se cachent nos intellectuels

Par Pierre Clitandre

 

 

Ils ont étudié, lu, voyagé, écrit, participé à des conférences, sont intervenus dans les médias pour propager leurs idées, ont travaillé dans la clandestinité avec une détermination à toute épreuve, n’ont pas lâché prise même quand leurs camarades avaient été emportés à Fort-Dimanche pour ne plus revenir chez eux. Ils ont pris tous les risques durant la période dictatoriale. Aujourd’hui que ladite démocratie s’étend dans toute sa lugubre splendeur et que trente ans sont déjà passés comme “La discorde aux cent voix”, dans quel lieu se cachent-ils?

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Au sujet des prochaines présidentielles

Selon le journal Haiti Observateur, l'ex-premier ministre Laurent Lamothe a misé 2 millions de dollars sur Jude Céléstin perçu par lui d'avoir plus de chance de gagner les élections présidentielles.

Toujours d'après le journal de New-York, tout l'état-major du parti Vérité ayant abandonné la joute électorale a investi toutes ses ressources dans la campagne de Jude Célestin...

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Au sujet du fils aîné du président haitien

 

APRÈS PLUS DE TROIS SEMAINES DE DÉTENTION À MIAMI Le président haïtien s’est présenté avec quatre avocats... Olivier Martelly libéré... Caution de 5 millions $

Un article de Léo Joseph

 

Source: Journal Haiti Observateur

 

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Au sujet de la Justice Haitienne

 

2014: L’ANNÉE NOIRE DE LA JUSTICE

par Me Heidi Fortuné

 

 

 

 

 

 

La justice haïtienne, exsangue, malmenée, bousculée voire même paralysée, a connu les pires moments de son histoire durant l’année 2014. L’institution a évolué dans le mauvais sens et cela devrait continuer en 2015. Montrer qu’on peut nommer n’importe qui où on veut et donner des ordres n’importe comment…voilà la résultante de la politique pénale du gouvernement qui a fait entrer la justice dans l’ère du soupçon. La politisation extrême de certains dossiers a montré l’impératif de garder dans le système des éléments intègres et indépendants de l’Exécutif. Cependant, l’infirme quantité de Magistrats  qui tiennent le haut de l’affiche cachent mal leur faiblesse structurelle et sont vite l’objet de tracasseries et tentatives de déstabilisation de la part des membres de l’équipe au pouvoir qui ne veulent pas d’un système judiciaire qui pourrait s’opposer ou s’attaquer à leurs intérêts et oublient trop souvent que la justice est une caractéristique déterminante de la bien portance socioéconomique d’un pays.

 

Le critère de la promotion au sein de la justice devient la soumission. Seulement une trentaine de Magistrats ont été reconduits durant l’année 2014. La Présidence, sur les conseils du Garde des sceaux, ne prend pas en compte tous les avis favorables du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire relatifs au renouvellement du mandat des Juges. Jamais la Magistrature n’a été autant insultée, humiliée par un gouvernement. Pourquoi voulez-vous que les délinquants respectent les Magistrats quand le ministre de la justice les traite avec désintérêt et dans l’indifférence générale ? En somme, brandir le spectre de non renouvellement de mandat de X ou Y est très efficace. Cela a eu un effet dévastateur sur l’activité professionnelle et le rendement du Magistrat en attente qui est à la fois paralysé et angoissé par la perspective d’être écarté sans raison apparente. Il y a eu énormément de souffrance au travail dans la Magistrature durant l’année écoulée, et aucun Magistrat ne veut en parler. Révocations arbitraires, transferts illégaux, pressions psychologiques, dépressions nerveuses…voilà entre autres le lot de misères des Juges. Plus on est vulnérable, plus on est victime de ces types d’harcèlement qui ne dit pas son nom.

 

Pour être véritablement indépendant, il faut se moquer de la notation et de la carrière. J’ai connu moi-même la détresse morale et j’ai eu pas mal de contrariétés dans l’exercice de la profession. J’ai été qualifié de trouble-fête et d’électron libre à cause de ma force de caractère. On me reproche de mettre trop de ‘’beau monde ‘’ en examen. Il y a eu des attaques très fortes contre moi de la part d’officiels très haut placés. Et des brimades, j’en ai subies pour avoir osé… Des situations un peu perverses qui peuvent vous empêcher de progresser et de faire votre travail convenablement. C’est décourageant ! Vous vous impliquez corps et âme dans votre boulot et voilà ce que vous avez comme récompense. En vérité, c’est plus que frustrant !

 

Généralement, la politique entre au prétoire  mais à présent, la justice s’invite au palais. Chose qui n’a jamais été réalisée auparavant ! Bien sûr, mon mandat est renouvelé mais je ne vous dirai pas comment… Il y a eu de folles rumeurs et le contexte était tendu. Je suis toujours là. Et qu’il soit dit en passant : je ne suis pas là pour passer mon temps à être convoqué par ma hiérarchie, j’ai du boulot et mes dossiers ne sont pas simples. Je veux pouvoir travailler en toute quiétude. La hiérarchie devrait plutôt soutenir les juges en délicatesse avec l’Exécutif et non de leur mettre doublement la pression. La justice est à bout de souffle, et si jamais on ne trouve pas des solutions pour la redynamiser, on va vraiment vers la disparition de l’État de droit qui n’est encore qu’à la phase d’embryon et qui commence à peine à se développer. Pour cela, le pouvoir Exécutif ne doit avoir aucun rôle dans la carrière des Magistrats. Il faut sortir du schéma « le Président décide seul ». Il faut un véritable échange de vues sur la question et la discussion doit associer la société civile, les parlementaires, les magistrats, pour voir comment couper le lien entre l’Exécutif et le Judiciaire. Mais si ça doit venir d’un seul homme, je vous le garantis, on n’est pas près de sortir de l’auberge.

 

Heidi FORTUNÉ

Magistrat, Juge d’instruction

Cap-Haïtien, Haïti, ce 03 janvier 2015

http://heidifortune.blogspot.com

 

Autre texte en rapport avec Justice: 

Interrogatoire éprouvant [aux Etats-Unis] de Michel et Sophia Martelly DEUX CITOYENS AMÉRICAINS CONVOQUÉS

 

 

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Au sujet de la Presse Haitienne

 

Haiti: Les respnsables de Radio Kiskeya accusent la Présidence haitienne d'avoir cherché à corrompre des journalistes attachés au Palais présidentiel.

 

 

 

 

 

 

 

 

Monsieur le porte-parole,

 

Par la présente, Radio Télé KISKEYA tient à protester auprès du président de la République et auprès de vous en particulier, contre l'acte ignoble de corruption dont, de concert, vous vous êtes rendus responsables le 23 décembre dernier quand, à l'issue d'une réception à laquelle vous avez convié des journalistes accrédités au Palais National, vous leur avez remis des enveloppes contenant respectivement cinquante mille gourdes (50.000.00 Gdes) et quarante mille gourdes (40.000.00 Gdes).

 

Selon les informations recueillies auprès des concernés, le président de la République, Michel Joseph Martelly, leur a personnellement offert « un petit cadeau pour la modicité duquel ils ne devraient pas se formaliser. » Il les a par la suite référés à son porte-parole, Lucien JURA, et à Esther FATAL, responsable du Bureau de Communication de la Présidence, qui ont personnellement remis à chacun d'eux l'ignoble cachet sous les feux des caméras du Palais.

 

L'affaire est d'autant plus scandaleuse et choquante que vous, M. JURA, journaliste de carrière, avez directement pris part à cet acte d'avilissement de la profession à laquelle vous devez d'être aujourd'hui à une aussi haute fonction.

 

Pour la gouverne du chef de l'Etat, de la vôtre et de celle du public, sachez, Monsieur le porte-parole, que les trois journalistes de KISKEYA qui ont commis l'impair de souscrire à cette ignominie, ont été sévèrement sanctionnés après que leur acte fut analysé et condamné non seulement par la Direction Générale de la station mais aussi par le reste du personnel. Il leur a même été conseillé de restituer au Palais National ces « malheureux deniers » qui ne leur appartiennent pas en propre, mais qui sont ceux de l'Etat et donc du public. Une telle recommandation est d'autant plus indiquée que, depuis sa fondation, en 1994, Radio Kiskeya a survécu à toute tentative de corruption sous différents régimes.

 

Ce « cadeau empoisonné » constitue un acte flagrant de corruption perpétré au détriment du Trésor Public. Il est un exemple patent du gaspillage systématique et désinvolte des deniers publics par les autorités, les fonds mis à leur disposition ne devant pas servir à octroyer des largesses à des fins bassement politiciennes et de manipulation.

 

Pour leur part, les journalistes qui en ont été les bénéficiaires ont violé une règle cardinale d'éthique et de déontologie professionnelles consistant en la préservation absolue de l'intégrité, de l'indépendance et de la crédibilité du journaliste.

 

Remettre des « enveloppes chargées » à des journalistes disposés à la file indienne devant des caméras constitue un acte que même les pires dictatures qu'a connues le pays n'ont pas osé perpétrer. Cela reflète le niveau de dégradation générale des valeurs morales tant au niveau de l'Etat que dans l'ensemble de la société auquel le secteur de la presse n'a malheureusement pas échappé.

 

Radio KISKEYA condamne énergiquement de telles pratiques et encourage l'ensemble de la corporation à les combattre avec la plus vigoureuse détermination. En aucune manière, les problèmes réels de traitement et de conditions de travail dans les médias, dont Radio KISKEYA est consciente, ne peuvent les justifier. Un gouvernement qui prétend vouloir instaurer l'Etat de droit devrait plutôt veiller à l'existence de conditions juridiques, administratives et fiscales favorables à l'essor de médias puissants et techniquement performants, en mesure de répondre tant aux exigences du public qu'à celles de leur personnel.

 

L'acte déshonorant du 23 décembre s'inscrivant dans le cadre ambiant de la corruption institutionnalisée, Radio KISKEYA condamne la corruption en général et appelle à une gestion rigoureuse et judicieuse des ressources publiques.

 

Vous présentant tout de même ses salutations et espérant que vous vous ressaisirez, Radio KISKEYA réitère, Monsieur le porte-parole, son engagement en faveur d'une presse démocratique, libre, indépendante, crédible, responsable et prestigieuse !

 

Marvel DANDIN

Directeur Général

Trésorier du Conseil d'Administration

 

Liliane PIERRE-PAUL

Directrice de Programmation

Vice-Présidente du Conseil d'Administration

 

Stéphane PIERRE-PAUL

Directeur de l'Information

Au sujet des prochaines élections en Haiti

 

Haïti en route vers une nouvelle farce électorale

 

dimanche 15 mars 2015

 

Par Leslie Péan*

 

Soumis à AlterPresse le 12 mars 2015

 

Dans son histoire chaotique, Haïti a souvent organisé des élections sur mesure en exploitant un processus électoral vicié dans son essence. Sous le tyran François Duvalier, les élections sont organisées sans listes électorales et avec bourrage des urnes. Les résultats sont connus d’avance. Aux élections de 1961, Duvalier est réélu pour 6 ans avec 100% des votes. À l’occasion du referendum de 1964 pour la présidence à vie, les résultats sont : 99.8% oui et 0.2% non. En s’appropriant le pouvoir à vie et de manière héréditaire, Duvalier rationalise le pouvoir comme valeur suprême dans les consciences. Il s’est développé dans la classe politique la conception absurde qu’on doit acquérir le pouvoir par tous les moyens. Ainsi, Duvalier exploite « le fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite [1]. »

 

Avec cette façon de voir, la fraude est inscrite dans le processus électoral à toutes les étapes autant dans l’émission de la carte électorale que dans la création du fichier électoral, autant dans la gestion du scrutin que dans la proclamation des résultats. Ces élections sur mesure ne font qu’exacerber les tensions qu’elles auraient dû calmer. Quand il y a une exception, alors les forces du statu quo s’organisent avec l’armée et tuent les électeurs comme aux élections de novembre 1987. Avec la même désinvolture pour le crime, les forces populistes qui s’imposent aux élections de 1990 ne peuvent empêcher la réactivation du dispositif sanguinaire qui aboutit au coup d’État du 30 septembre 1991.

 

Lumpenisation des masses et des élites

 

La dépravation des esprits réalisée systématiquement par les 30 ans de Duvalier n’a pas fait que promouvoir la culture des tours de reins (gouyades) de Ti Simone sous de multiples déguisements. Le duvaliérisme a lumpenisé la pensée et le mode d’action politique. La corruption idéologique est allée plus loin que les danses endiablées du lumpenprolétariat en guenilles dans les carnavals. Duvalier n’a pas uniquement déchiqueté la société haïtienne avec la sauvagerie de ses tontons macoutes, forçant même ses adversaires à participer à la conspiration du silence. Ses pratiques impitoyables de malheur ont excellé dans l’apologie de la médiocrité. Ti Bobo a remplacé Price Mars. En provoquant la fuite des cerveaux, Duvalier s’en est pris aux fondamentaux de la société haïtienne tout en facilitant l’avènement de la dimension ludique et distractive à la Sweet Micky. Cette opération de délitement des valeurs et de dénaturation de la vérité a contaminé la jeunesse. C’est ce qui explique l’échec programmé de toute façon de ceux qui épousent aujourd’hui la maudite cause des tontons macoutes.

 

La lumpenisation des campagnes a eu lieu à travers l’accaparement des terres de l’État par les tontons macoutes à la Zacharie Delva dans l’Artibonite [2] ou les pratiques d’extorsions d’un Astrel Benjamin dans le Sud. Sans compter, après 1986, les massacres de paysans de Jean Rabel, Milot, Piatre, Labadie et Gervais par les grands dons qui sont documentés par les organisations telles que Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen [3]. Duvalier a procédé à une lumpenisation extrême de la population en faisant venir dans les villes des milliers de paysans, au cours des 22 mai, 22 septembre et autres 22, lesquels vont constituer les bidonvilles dans toutes les agglomérations urbaines. Exploitant à mauvais escient les croyances animistes populaires, Duvalier a renforcé une logique porteuse de représentations archaïques du monde comme fondement d’une politique d’intimidation, de peurs et de crimes.

 

La déliquescence qu’on constate aujourd’hui est le résultat de la politique de lumpenisation systématique appliquée par Duvalier pour constituer la base de masse du fascisme tonton macoute. La corruption envahit l’espace social et tout est dénaturé. Le duvaliérisme provoque la décomposition des classes sociales et l’installation d’une pourriture qui se répand et dirige la société. Il s’en suit la clochardisation de l’État qui fait la promotion du nivellement par le bas en tordant le cou à la qualité et en légitimant l’arbitraire. Politique de lumpenisation des masses mais aussi et surtout des élites.

 

L’encanaillement macoute

 

L’échange, par émissaires interposés, entre la première dame Michèle Bennett et le propriétaire de l’entreprise d’aménagement paysager Oasis, Pierre David, est à cet égard significatif. C’était à l’occasion du transfert des restes de Toussaint Louverture au Musée du Panthéon National Haïtien (MUPANAH) en 1983. Désireuse d’embellir les environs du musée, Michèle Bennett fait demander à l’entrepreneur de poser des rouleaux de gazon à la dernière minute. À la réception du devis qu’elle juge exagéré, la première dame s’exclame :

 

— David fou ? Eske se ak pwèl milatrès lap fè travay-la (Est-ce que le travail sera fait avec des poils de pubis de mulâtresses).

 

Se ravalant à son niveau, l’entrepreneur répond du tac au tac :

 

— Si c’était le cas, ça aurait coûté moins cher.

 

Elle revient à la charge.

 

— Comment ça ? Kote’l tap jwenn yo ? (Où les trouveriez-vous ?)

 

— Dans les boites de putes dominicaines de la route de Carrefour !!! et ailleurs.

 

L’encanaillement macoute s’était donc propagé jusque dans les salons du Palais national. Avec son cortège de vulgarités, de grivoiseries et de grossièretés.

 

Après 1986, les duvaliéristes ont résisté avec le concours des militaires, des « attachés » et autres groupes paramilitaires qui ont semé la violence systématique du moins jusqu’en 1994. Et même après, ils ont continué d’occuper une place importante dans l’imaginaire collectif et la réalité avec les « chimères », en attendant de trouver le candidat Sweet Micky aux reins ondulants, pour relever la tête.

 

Au fait, le courant du gauchisme chrétien qui a pris la relève a avancé sur le même terrain en croyant « promouvoir le lumpenprolétariat pour en faire l’avant-garde des forces du changement [4]. » Haïti n’est pas parvenue à une reconversion des mentalités héritées du duvaliérisme criminel. Sur le plan électoral, la culture de lumpenisation se lit dans les multiples reports des échéances électorales, les magouilles de la classe politique et le spectacle de la fraude parfois exhibé avec des applaudissements frénétiques. C’est ce que René Préval exprimait en disant : « les élections, je ne suis pas sûr de maitriser les détails techniques pour les organiser … mais je sais seulement comment les gagner » [5]. Superbe !

 

La population boycotte la farce électorale

 

Depuis le massacre des électeurs à la Ruelle Vaillant du 29 novembre 1987, les élections ne suscitent pas l’enthousiasme de la population. On peut en juger par les taux de participation qui sont de 4% en 1988, 60% en 1990, 31% en 1995, 8% en 2000, 60% en 2006 et enfin 23% en 2010, soit une moyenne de 31% de participation aux élections présidentielles depuis la fin de la dictature duvaliériste en 1986. En clair, la population boycotte la farce électorale. Le CEP qui aurait dû être permanent tel que stipulé dans la Constitution de 1987 continue d’être provisoire gaspillant ainsi les ressources financières du pays. D’ailleurs, c’est la mendicité internationale qui finance les élections.

 

La comédie ne s’arrête pas là. Le CEP décide de disqualifier les candidats qu’il veut dans l’arbitraire total. Lors des élections de 1990, le candidat Leslie Manigat est disqualifié par le CEP sous le prétexte qu’il est un ancien président et doit attendre cinq ans avant de pouvoir se présenter à nouveau comme candidat selon la Constitution de 1987. En même temps, le CEP refuse de considérer Leslie Manigat comme le président légitime d’Haïti. La magouille triomphe à plusieurs niveaux.

 

Pour parfaire le dispositif, le gouvernement de Mme Ertha Pascal Trouillot, préoccupé par la situation, règle le tout à l’amiable en procédant à la révocation de deux juges à la Cour suprême. Le pays est témoin : toute poursuite judiciaire contre le CEP est impossible. Victime de sa « percée louverturienne » lors des élections bidon du 17 janvier 1988, en tant qu’homme de culture averti, Leslie Manigat peut comprendre ce marquage serré. Puis, c’est l’insécurité qui augmente avec les forces paramilitaires des « attachés » qui assassinent le syndicaliste Jean-Marie Montès et le conseiller d’État Serge Villard, également membre du CEP. Enfin c’est l’intervention des puissances étrangères dans le processus électoral avec M. Raphaël Dufour, ambassadeur de France, qui déclare Aristide le vainqueur du scrutin au premier tour avec 67%. Rideau ! Un scénario qui se reproduit aux dernières élections de 2010 organisées par le Conseil Électoral Provisoire (CEP) de Gaillot Dorsainvil et Pierre-Louis Opont. Alors, la Communauté Internationale (CI) descend dans l’arène ouvertement et choisit le gagnant. Une vraie mascarade. Martelly est déclaré le gagnant avec aussi 67%.

 

Le moule infernal

 

Sous le titre « Crise électorale et effet d’hystérésis », publié dans AlterPresse, nous avions alors écrit le 18 décembre 2010 :

 

« Le groupement INITÉ, érigé en un véritable parti de la méchanceté, a décidé, une fois de plus, de voler les élections. Une fois de plus, disons-nous, en faisant appel à la mémoire, cette tablette de cire molle selon le mot prononcé par Platon dans le Théétète. La catastrophe électorale du 28 novembre 2010 a eu des antécédents, d’abord en 1997 et en 2000 à l’occasion d’élections frauduleuses organisées par le président René Préval, puis en 2006 lors des élections présidentielles. Lors des élections législatives de Mai 2000, on se rappelle que Léon Manus, âgé de 76 ans, président du Conseil Électoral Provisoire (CEP) avait dû s’exiler aux États Unis. Il devait s’expliquer, dans une lettre à Colin Powell, Secrétaire d’État américain, en date du 27 décembre 2000, pour dire qu’il avait fui pour avoir refusé de diffuser les résultats frauduleux que le président René Préval lui avait sommé de déclarer [6]. »

 

Ce sont ces traditions de brigandage venant de gens à tout faire agissant parfois comme des bêtes sauvages qui ne sont plus acceptables et qu’il faut bannir. On comprend ainsi le mot du Dr Charles Manigat le 6 février 2015 s’exclamant : «  Qu’est-ce que vous revenez faire au CEP, Opont ?  » [7]. Le Dr Charles Manigat s’en prend à Pierre-Louis Opont, ancien directeur général du CEP de 2010, devenu président de l’actuel CEP appelé à organiser des élections générales en 2015. C’était à l’Université Quisqueya à l’occasion de la table ronde sur le thème « Qui élit nos présidents ? » Nous persévérons à continuer avec le moule du système criminel instauré depuis l’occupation américaine de 1915-1934.

 

Ce moule infernal longtemps dans les mains de l’armée d’Haïti produit les incohérences d’un ordre mental qui ne peut pas se remettre en question et qui se reproduit de génération en génération. Avec les mêmes manipulations et les mêmes pratiques vides de sens. Qui ruinent tout espoir d’un lendemain meilleur pour une population aux abois. Avec comme l’a souligné Ricardo Seitenfus, ancien représentant du secrétaire général de l’OEA en Haïti, une communauté internationale complice dans l’organisation de mascarades électorales qui coutent cher, soit « 44 dollars le vote valide en Haïti contre 2 dollars pour un vote valide dans un pays comme le Brésil [8]. »

 

Arriération mentale et infantilisme

 

Le décret électoral de 2015 est muet sur le vote des Haïtiens de la diaspora [9]. Les mêmes réflexes archaïques d’ingratitude et de haine prévalent. Comme nous l’avons signalé antérieurement, on est en droit de se demander si « Haïtien signifie haïr les siens » [10]. Comment des gens qui contribuent à hauteur d’un tiers du produit intérieur brut (PIB) haïtien peuvent-ils être exclus de la gestion de la cité ? Quelle tournure d’esprit peut conduire à tenir à l’écart des émigrés haïtiens sans lesquels plus de la moitié du pays serait morte de faim et de soif ? Cela ne saurait être de la négligence puisque la question ne cesse d’être soulevée depuis 1986 et au cours des cinq élections présidentielles réalisées depuis 1990.

 

Le refus d’accorder une attention aux droits politiques des Haïtiens de l’extérieur est le reflet d’une mentalité pique-assiette, qui ne voit dans la diaspora qu’une « vache à lait », comme le mentionne Charles Ridoré [11]. Les Haïtiens de l’extérieur paient pour des parents et amis les frais scolaires, le loyer, la nourriture, les factures téléphoniques, les frais de santé et n’ont droit à aucune considération. De plus, ils ont été la cible de la première mesure arbitraire du gouvernement Martelly qui a imposé la taxe sur les appels téléphoniques entrants et les transferts financiers.

 

On ne saurait comprendre cette obstination à refuser le droit de vote aux émigrés haïtiens alors que, selon l’Institut international pour la Démocratie et l’Assistance électorale (IDEA) [12], 115 pays à travers le monde comme la France, les Etats-Unis d’Amérique, l’Australie accordent le droit de vote à leurs expatriés. Parmi ces pays, 28 en Afrique (dont Afrique du Sud, Mali, Soudan, Namibie, Guinée, Kenya, Ghana, Sierre Leone, Sénégal, etc.) et 16 dans les Amériques accordent le droit de vote universel à leurs ressortissants à l’étranger. En République Dominicaine, le Parlement a sept (7) députés qui représentent les Dominicains vivant à l’étranger.

 

En Haïti, on est dans la schizophrénie totale face aux Haïtiens vivant à l’étranger. Surtout quand on sait qu’il existe un Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE). Pourquoi les gouvernements haïtiens s’accrochent autant à l’arriération mentale et à l’infantilisme ? Il faut secouer le cocotier. Les élections ont ruiné les espoirs du peuple à élire des gens pour défendre ses intérêts. Et dans des biens des cas, le remède s’est révélé pire que mal. Dans ce genre de situation, les élections sont non seulement vidées de leur sens mais elles discréditent la communauté internationale comme c’est le cas aux élections de 2010 dénoncées par Ricardo Seitenfus [13]. Les barbares qui ont tué les électeurs bénéficient de l’impunité et n’ont jamais été traduits en justice. Quant aux victimes, elles ont appris à se résigner à tout …. et à vivre à la merci de leurs bourreaux.

 

En ajoutant à l’équation le rôle joué par les « agents exécutifs intérimaires » (AEI) dans les 140 cartels municipaux nommés par Michel Martelly pour remplacer les maires élus, la complicité agonisante et la mauvaise foi manifeste de la communauté internationale, on voit que les prochaines élections ne peuvent être qu’une farce monumentale. L’expérience historique révèle que rares sont les changements véritables dans la marche des sociétés qui sont sortis des urnes. Sans une révolution éthique, un soulèvement général de la population pour réclamer des changements significatifs dans le désordre actuel, les Haïtiens continueront d’être occupés par la communauté internationale qui assiste impuissante au maintien du désarroi quand elle ne l’impose pas carrément aux élections comme on l’a vu en 2010.

 

L’autre choix est celui de mourir à petits feux ou d’aller mourir en haute mer et dans les pays de la région à la recherche d’une meilleure vie. Un sursaut est nécessaire pour sortir de ce cercle vicieux. Cela commence par une vraie déduvaliérisation et la critique systématique de la lumpénisation. Sinon, le peuple haïtien continuera de prendre ses distances avec la comédie électorale. Haïti est arrivée à un point de rupture où le dévoiement des rapports sociopolitiques et économiques commande une interrogation pour repenser l’organisation de la société. Il faut réaliser une « révolution éthique » avant les élections sinon celles-ci ne seront au mieux qu’une nouvelle farce électorale.

 

…………..

 

* Économiste, écrivain

 

[1] Michel Foucault, « Préface à la traduction américaine du livre de Gilles Deleuze et Félix Guattari, L’Anti-Oedipe : capitalisme et schizophrénie » dans Michel Foucault, Dits et Ecrits Tome III, texte n° 189, 1976-1988, Paris, Gallimard, 2001 (1re Edition 1994), p. 134.

 

[2] Yves Sainsiné, Mondialisation, développement et paysans en Haïti : Proposition d’une approche en termes de résistance, Presses universitaires de Louvain, 2007, p. 182-184.

 

[3] « Haïti-Paysannerie : Les 25 ans du massacre de Jean-Rabel », AlterPresse, 23 juillet 2012

 

[4] Leslie Péan, « Une stratégie électorale pour l’avenir d’Haïti », AlterPresse, 2 août 2010.

 

[5] Gary Olius, « Elections en Haïti ou l’art de confisquer la participation populaire », AlterPresse, 9 février 2015

 

[6] La lettre de Léon Manus à Colin Powell peut être lue en cliquant sur http://www.webster.edu/ corbetre/ha...

 

[7] « Grand déballage pour savoir qui élit nos présidents », Le Nouvelliste, 06 février 2015.

 

[8] Ibid.

 

[9] Le Moniteur, 170è Année - Spécial No. 1, Port-au-Prince, 2 Mars 2015.

 

[10] Leslie Péan, « Le réflexe de rejet des Haïtiens de l’extérieur mis à l’épreuve », AlterPresse, 15 et 22/ 10/ 2011.

 

[11] Charles Ridoré, « Réconcilier Haïti avec sa diaspora : un préalable à une refondation de la société ? » dans Jean-Daniel Rainhorn, Haïti Réinventer l’avenir, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2012, p. 269.

 

[12] Voting from Abroad, The International IDEA Handbook, Stockholm, 2007, p. 3.

 

[13] Ricardo Seitenfus, HAITI : Dilemas e Fracassos Internacionais (Dilemmes et échecs internationaux en Haiti), Editora Unijui, Université de Ijui, Brasil, 2014 ; Lire aussi Ginette Chérubin, Dans le ventre pourri de la bête, Editions de l’Université d’État d’Haïti, Port-au-Prince, 2014 ; Lire enfin Louis-Joseph Olivier, « Les pays amis prennent la place des électeurs », Le Nouvelliste, 6 février 2015.

 

Source: Alterpresse

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Au Sujet d'un amour obstiné

Soumis par James Fleurissaint

 

 

 

 

 

 

Ane ya chanje
Sezon pa chanje 
Mwen tande vwaw
nan chak korido
nan chak kafou
nan chak silans
Map karese souvniw
tankou premye pitit
Chak pa mwen fe
Mwen tande vwaw 
Mwen kwazew nan tout rev
nan tout somey
Depiw ale ya
Rèv mwen se adres kay ou ..

 

................
FLERISEN

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