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BEAUTE  & STYLES

 

 

Beauté et Styles .
Par Dr Carl Gilbert
La beauté et la mode (style) sont depuis toujours deux caractéristiques qui distinguent l’homme de l’animal.
Jusqu’à preuve du contraire, les animaux ont toujours conservé  au fil des années le même faciès, ce qui rend leur beauté plus ou moins statique. Et cette constatation est même plus marquante pour la mode ou le style, car on n’a jamais un vu un lion ou une girafe se réveiller un matin dans la jungle avec un style de chevelure ou pelage différent de celui qu’ils arboraient la veille.
Pour l’homme ou la femme, cependant, c’est tout à fait différent. Le style ou la mode ont marqué différemment les ans, ce qui a donné à la beauté une valeur relative. Ce qui est considéré beau en Afrique ne l’est pas nécessairement  en Europe, et vice versa. Et cette perception de beauté est transmise d’une civilisation à l’autre,  d’un pays à l’autre, par les voies de communication disponibles dans le milieu ambiant. Maintenant grâce à la propagation rapide des images et des photos, cette perception de beauté et de style peut changer d’une minute à l’autre. Heureusement !
Parlant d’Afrique, ce continent a surpris le monde quand ses modes et styles en termes de vêtements et de chevelure ont commencé à soulever l’intérêt, l’appréciation et l’admiration d’autres ethniques groupes. Il va sans dire que ces modes et styles ont fini par représenter de manière significative une démonstration de l'esthétique africaine « d'autant qu'elles ont joué un rôle fondamental dans l'indépendance de certains esclaves comme l'affirme Valencia Emilia Eneyda, chercheure, coiffeuse  et créatrice du concours de tresses à Cali, Colombie en 2011 “Tejiendo Esperanzas”: (Tisser l'espoir) « Les recherches historiques démontrent qu'à l'époque coloniale, les femmes noires assises dans les allées des maisons repéraient le paysage et sur la tête des plus jeunes, elles élaboraient des coiffures  dont les formes ressemblaient à des sortes de cartes , par lesquelles elles indiquaient les chemins à suivre, surtout aux hommes mûrs pour… [qu’ils puissent s''échapper] »… « Ces cartes constituaient des codes secrets pour planifier la fuite, indiquait la position des rivières, des arbres, des montagnes et l'emplacement des troupes (d'où le nom de tropas attribué aux tresses) pour que les Marrons puissent s'échapper et atteindre la liberté. » 
En effet, les styles de chevelure ont été depuis des ans une forme d’expression à connotation politique,religieuse ou sociale. Par la suite ils sont naturellement devenus l’expression de beauté et de la mode proprement dite.
Les coiffures africaines connues localement sous le nom de  « troupes » ou  »trencitas » ou draids, sont  peu à peu devenues courantes à travers le monde, et comme je l’ai dit plus haut, soulèvent l’admiration de beaucoup du fait de leur esthétique. Mais peu sont ceux qui connaissent leur vraie histoire. 
Les dreadlocks ou cadenettes, appelés parfois tout simplement dreads ou locks ou encore rastas (à tort), sont des cheuveux emmêlées. Le mot vient lui-même de la bible qui veut dire la crainte de Dieu (dread of God, fear of God).

Les dreadlocks ont un caractère universel à travers les âges, car des peuples de différentes cultures ont porté des dreadlocks.
« Le premier exemple de dreadlocks connu date de l'Égypte antique, où les membres de la famille royale égyptienne et les députés portaient des coiffures dreadlockées. Des perruques apparaissaient aussi sur des bas-reliefs, des statuaires et autres objets. Des restes momifiés d'anciens Égyptiens portant des dreadlocks, ainsi que des perruques dreadlockées ont aussi été trouvés sur des sites archéologiques.
Les dreadlocks sont portées par différents peuples d'Afrique, homme comme femme, parfois selon le groupe social: les Akans, Masaïs, Bantous, peuples nilotiques, Peuls, Soninkés, etc. La chevelure crépue de ces peuples rend plus facile la réalisation de locks qui se forment parfois de manière naturelle, ou bien par manipulation. Les hommes Masaïs commencent souvent leurs locks à partir de tresses, comme la plupart des peuples africains. La technique dite des vanilles, twist en anglais, consiste à tresser les cheveux à partir de deux mèches et non trois, et de ne plus défaire les tresses. Après plusieurs mois, les tresses deviennent dreadlocks.
Des Écritures saintes du védisme fournissent des preuves écrites des dreadlocks les plus anciennes. La date exacte de leur origine n'est toujours pas connue, allant de 2500 à 1500 av. J.-C. Le dieu Shiva et ses disciples furent décrits dans les Écritures comme des jaTaa, signifiant « portant des nœuds de cheveux emmêlés », qui a probablement dérivé du mot dravidien caTai, signifiant tortiller ou envelopper.
Les dreadlocks ont aussi fait partie de la culture mexicaine. Dans une description d'un rituel aztèque, l'historien William Hickling Prescott se référa aux prêtres de la civilisation aztèque, un peuple mésoaméricain du centre du Mexique, aux XIVe, XVe et XVIe siècles, qui portait des dreadlocks.
«  Sur le sommet il fut reçu par six prêtres, à qui les boucles longues et emmêlées flottaient sans ordre par-dessus leurs robes faites de poils de martre, couvertes de hiéroglyphes d'importation mystique. Ils l'ont mené à la pierre du sacrifice, un immense bloc de jaspe, sa surface supérieure étant quelque peu convexe.  »
(William H. Prescott, Histoire de la conquête du Mexique).

Au Sénégal, le Baye Fall (les disciples du mouridisme, une confrérie de l'islam indigène au pays qui fut fondée en 1887 par Ahmadou Bamba), est connu pour le port de dreadlocks et de toges multicolores. Chez les Wolofs, les coiffures en locks étaient autrefois portées par les rois et la classe guerrière des Tiedos.
En Jamaïque, le terme dreadlocks fut enregistré pour la première fois dans les années 1950 comme un terme désobligeant lorsque le Young Black Faith, un premier mouvement rastafari prit naissance auprès des pauvres marginalisés de la Jamaïque pendant les années 1930.

Ils cessèrent de copier la coiffure particulière de Hailé Sélassié Ier et commencèrent à porter des dreadlocks à la place. Il fut dit qu'ils avaient l'air « effrayants » avec leurs locks, ce qui donna plus tard le nom moderne de dreadlocks pour cet ancien style. Différentes théories existent autour de l'origine des dreadlocks chez les rastafari. Quelques sources retracent les dreadlocks rasta au temps où les Indiens arrivèrent en Jamaïque pour travailler comme ouvriers à la fin du xixe siècle, dont certains faisaient partie des premiers disciples de Leonard Percival Howell. D'autres pensent que les premières dreadlocks rasta furent dérivées des locks des Mau Mau, un groupe de rebelles s'opposant contre (sic) le colonialisme britannique au Kenya pendant les années 1940.

Cependant, la plupart des rastafari expliquent que leurs dreadlocks proviennent d'un des trois vœux de Nazarite, dans le Livre des Nombres, le quatrième des livres du Pentateuque.
« Pendant tout le temps de son naziréat, le rasoir ne passera point sur sa tête ; jusqu'à l'accomplissement des jours pour lesquels il s'est consacré à l'Éternel, il sera saint, il laissera croître librement ses cheveux. » (Nombres 6:5)
Les Nazarites qui portèrent des dreadlocks et qui furent mentionnés dans la Bible incluent les Nazarites Samuel, Jean le Baptiste, et probablement la figure biblique la plus connue avec des cheveux emmêlés, Samson, qui, d'après les Saintes Écritures, eut sept locks et perdit sa grande force lorsqu'elles furent coupées. »
C’est le célèbre chanteur jamaicain de reggae Bob Marley qui a en quelque sorte popularisé le style rastafarien de la chevelure du fait de son appartenance au mouvement rastafarien. Une mouvance ou pensée religieuse et philosophique qui estime qu’une  partie de la Bible avait été reécrite au détriment de la race noire toujours en prises avec la domination occidentale, si ce n’est physique mais mentale (mental slavery).
Bien entendu, avec un mouvement qui prône l’émancipation totale des Noirs vient alors un mouvement conservateur qui a voulu faire passer les gens arborant la chevelure rasta pour des gueux, des malfaiteurs, des criminels. Aux Etats-Unis, les corporations ont même essayé d’interdire à leurs employés de porter la chevelure tressée mais ont dû stopper leur tentative après qu’elles eurent été menacées de procès  pour violation de la liberté d’expression. Et ce mouvement réactionnaire s’est retrouvé de par le monde, et aussi en Haiti. Qui ne se souvient pas de la répulsion et la crainte manifestées par le père d’ Anne dans I Love You Anne pour Don Kato, ce jeune chanteur aux cheveux coiffés en rasta faussement accusé d'être un "zenglendo"* par son rival, un malfrat bien habillé arborant une belle coupe de cheveux au style traditionnel ? (voir vidéoclip en bas)
L a mode, les styles, sont heureusement comme l’humain. Ils fraient leur chemin et ceci contre vents et marées ; ils sont bien souvent pareils à un fleuve; rien n’arrête leur cours.     « Le style est, pour l'œuvre d'art, ce que le sang est pour le corps humain ; il le développe, le nourrit, lui donne la force, la santé, la durée. » Et aussi la beauté !
Aussi ces œuvres d’art que constituent les tresses  (dreads, trencitas, tropas) donnent-elles de la beauté à ceux ou celles qui les portent. A Cali, Colombie, depuis 7 ans, une association de femmes afro-colombiennes AMAFRACOL, s'est efforcé de « réaliser un événement annuel de concours de tresses, dans le but de rendre visible l'esthétique africaine comme une forme de résistance et un élément essentiel du tissu socio-culturel de l'Afrique, particulièrement parmi les femmes, qui avec la grande habileté de leurs mains et une créativité incroyable, misent sur cette pratique comme une forme d'expression, qui dans le même temps devient une source de revenus pour leurs familles. » 
Ces concours sont en fait une exposition de la beauté, de l’esthétique  sous toutes leurs formes. Ils ne peuvent qu’être encouragés, imités dans les milieux afro-caribéens ou haïtiens où la créativité se retrouve déjà aux quatre coins.

Bandit le plus souvent  armé qui circulait en bande ou gang dans les rues de Port-au-Prince et passé pour être fort en rapt des gens

 

 



 

 

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